Ayant grandi à Royan, une ville reconstruite après des destructions répétées, et ayant voyagé à travers l’Himalaya à la recherche de sages, vous avez vécu au milieu de cycles de ruine et de renouveau. Comment cette expérience de vie se manifeste-t-elle dans votre pratique visuelle, et l’exubérance de votre palette pourrait-elle être interprétée comme une affirmation de la résilience, de la capacité de la vie à se régénérer constamment ?
Le vivant et toute création de manière générale commencent par un déséquilibre. C’est devenu mon intime conviction. Le froid et le chaud vont générer des tempêtes. La faim et la proie entraînent la suppression d’une vie pour prolonger l’autre. Le manque d’amour nous rend mendiants d’amour. L’appétence spirituelle non satisfaite nous pousse à entreprendre une quête continuelle…
Tout déséquilibre produit un mouvement. Et le vivant est mouvement. Les cycles, les rythmes, les périodes, les étapes sont des mouvements.
Ceci dit, je me suis interrogé sur le déséquilibre à l’origine de mon activité artistique. En effet, j’aurais pu me contenter d’une étude spirituelle constante et silencieuse. Mon déséquilibre vient du besoin si humain de partager. Et j’ai constaté que ni mes proches, ni mes amis, ni mes voisins partageaient mon appétence spirituelle et artistique. Nous sommes en perpétuel changement et notre entourage a souvent une image de nous trop figée et stable. Dans les évangiles, une citation de Jésus m’a mis en mouvement. « Nul ne peut être prophète dans son pays ni même dans sa propre famille ». Ma démarche artistique était née en acceptant l’incompréhension ou l’indifférence. Nous vivons une époque formidable car nous pouvons partager et communier avec des inconnus du bout du monde.
Récemment, j’ai fait une série de diptyques asymétriques que j’ai appelé « les marches », qui illustre aussi cet aspect de déséquilibre et de mouvement.
Au sujet des couleurs vives, effectivement cela peut être vu comme un hymme au vivant. Il me faut préciser ici que je n’utilise que la peinture à l’huile. C’est une question d’élément, le feu et pas l’eau. Le feu, élément primordial, qui irradie et participe à l’énergie bienfaisante. J’aime que les couleurs chantent.
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